Neige

Bleue était la neige

comme la ville et les mains qui échappent

tant et tant de rires

pour toi j’aurais voulu parler

toute la nuit

que tombe et retombe la neige

sans dire au revoir jamais

tant elle lacère

tu te serais fondu

à la neige j’ai dit

au revoir

je ne peux plus aller

si loin dans la tête

tes yeux hagards m’implorent de rester

avec toi pas juste

en riant tu dis

ça va ?

et t’en retournes dans la neige

sûr qu’elle t’aime

comme la nuit empoigne l’enfant

dans la neige roule et plisse

sitôt que je pose pied

hors de l’abri d’infortune

pour dire la neige contre la vitre

glisse des mains qui ont si peu étreint

tu la fixes

blanche nébuleuse impossible

et les traces de pas dans nos rires

je suis sortie du camion

où dort un homme en pleurs

aucune femme n’est tienne

et tu ne peux rien pour elle

fils de la nuit tu vas te retrouver

loin de ces enfants qui laisseront leurs jeux

dès qu’ils te sauront là

dans la neige. 

Référence bibliographique

Nathalie Watteyne, « Neige », Celle qui, Les Herbes rouges, 2005, p. 28-29. 

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